« Mais que se passe-t-il ? », s’écriait Bruno Vandestick, speaker officiel des 24 Heures du Mans, d’une voix stupéfaite dans les haut-parleurs du circuit des 24 heures du Mans en 2016. Comme les 263 500 spectateurs présents cette année-là, il n’est pas près d’oublier la faille de la Toyota TS050 Hybrid promise à la victoire, mais soudain au ralenti quelques dizaines de secondes avant l’arrivée. Une histoire qui se répète pour la marque japonaise, rappelant le scénario de 1999 ou la Toyota TS020, retardée à cause d’une crevaison, priva l’équipe du pays du Soleil-levant d’une probable victoire dans les derniers instants de la course. Et aussi l’édition de 1994, où l’équipage Martini-Krosnoff-Irvine passa à deux doigts de s’imposer avec la Toyota 94C-V #1. Encore une fois, la victoire échappe à une voiture de la marque japonaise dans la dernière heure de course face à la Dauer-Porsche de Dalmas-Haywood-Baldi.

12 minutes de trop

Cette Toyota 94C-V LMP#1 est exposée dans l’allée course du Musée des 24 heures du Mans. Elle y fit son entrée quasiment dans la foulée de l’édition 1994. Cette ancienne « Groupe C 1990 » fut engagée par SARD (Sigma Advanced Racing Developpement) dont la première participation remonte à 1973 et qui veut faire oublier le double échec des Toyota TS010 officielles de 1992 et 1993 à moteur 3.5 litres atmosphérique. La voiture est retravaillée par l’usine qui transforme légèrement la carrosserie et modifie le moteur. Testé en soufflerie, le nouveau prototype confirme une ambition restée intacte, obtenir la victoire absolue.
48 voitures sont au départ de cette 62e édition. Sur le papier, Toyota est le grand favori et dans l’opposition on peut voir des Porsche, des Courage ainsi que beaucoup de nouveautés grâce au retour des GT qui proposent des marques revenantes comme Bugatti, Dodge et Corvette. Pour la course, après une courte domination de la Courage C42 durant les premiers tours, rapidement Toyota prend le pouvoir avec la 94C-V #4 engagée par le team TRUST, tenant tête aux deux Dauer-Porsche qui ne sont pas loin. Les positions sont figées durant la nuit, mais un problème de boîte de vitesses met à mal les ambitions de TRUST. Une Toyota peut en cacher une autre, notre voiture, la Toyota #1 de SARD pilotée par Mauro Martini, Jeff Krosnoff et Eddie Irvine, prend la place de leader jusqu’à une heure et demie de l’arrivée. À son tour, elle connaît un problème de boite de vitesses nécessitant 12 minutes d’immobilisation à son stand, 12 minutes de trop. La Dauer-Porsche #36 s’empare du commandement pour le garder jusqu’au drapeau à damier. Le talentueux Eddie Irvine arrache in-extremis la deuxième place à une autre Dauer-Porsche dans l’avant dernier tour. Ce dernier est le pilote remplaçant de Roland Ratzenberger qui devait être l’un des pilotes de notre Toyota #1. Malheureusement, le terrible week-end du Grand Prix de Saint-Marin de mai 1994 en décidera autrement. En hommage au pilote autrichien disparu, son nom figure toujours sur la voiture à côté des trois autres, Martini.

Il faudra attendre la 86ème édition des 24 heures du Mans pour voir une Toyota sur la plus haute marche du podium manceau. Chaque édition des 24 Heures du Mans apporte son lot de surprises, et la marque nippone a contribué pour une bonne part aux montées d’adrénaline que réserve l’épreuve sarthoise devenue mythique et bientôt centenaire. C’est pourquoi le Musée des 24 heures du Mans qui présente des voitures d’un niveau de qualité exceptionnel expose dans ses murs la légendaire Toyota 94C-V.

Grâce au Musée des 24 Heures du Mans et ses 140 véhicules, l’Automobile Club de l’Ouest vous raconte l’épopée de l’automobile dans la Sarthe et le succès de son épreuve internationale. Bentley, Ferrari, Jaguar, Ford, Porsche, Matra, Audi, Peugeot, Toyota … tous les grands noms y sont représentés par leurs modèles mythiques qui immergent le visiteur dans la plus grande course d’endurance au monde. 350m² d’expositions temporaires viennent compléter ce parcours thématisé qui peut se poursuivre par la visite du célèbre circuit des 24 Heures du Mans.