C’est sur l’anneau de Brooklands en Grande Bretagne que le célèbre « B » ailé de la marque Bentley commence à faire parler de lui, avec Franck Clément qui remporte la première victoire de la marque en 1921. Dès lors, cette voiture, présentée au salon de Londres 1919, sera l’épouvantail des courses, aux 500 miles d’Indianapolis comme au Tourist Trophy de l’île de Man. Un vendeur londonien de la marque bat en novembre 1922 le record du monde d’endurance, seul, avec près de 140 km/h de moyenne sur deux fois douze heures.

En 1923, Bentley participe aux premières 24 Heures du Mans, apportant son assistance d’usine au projet de John Duff qui associé à Frank Clément bat le record du tour du tout nouveau circuit des 24 Heures du Mans et finit quatrième de l’épreuve. L’année 1924 c’est le triomphe pour la n°8 de la jeune marque anglaise qui jure de récidiver.

« Ce sont les camions les plus rapides du monde »

L’appétit venant, Bentley engage désormais une équipe d’usine, aux 24 Heures du Mans 1925 et 1926. Cependant, les Bentley Boys subissent la puissance des Lorraine Dietrich françaises. Mais la légende va naître en 1927, où un spectaculaire accident implique trois voitures de l’usine, à Maison Blanche. Au milieu des voitures enchevêtrées, Sammy Davis parvient à passer en force mais pas sans mal. De retour au stand, les mécaniciens rafistolent tant bien que mal, « the old number 7 » qui repart. Contre toute attente la Bentley remporte l’épreuve. Pendant ce temps, Ettore Bugatti dont les autos performantes mais fragiles ont dû renoncer, laisse tomber une phrase qui fera date. Se référant à la robustesse de construction des voitures anglaises, il en conclut « ce sont les camions les plus rapides du monde ». Trois autres victoires viendront embellir la légende des Bentley Boys, en 1928, 1929 et 1930 grâce à l’aide financière du diamantaire milliardaire Woolf Barnato qui se révèle un excellent pilote en remportant ces trois éditions au volant de Bentley à moteur 6 cylindres et très puissantes.

L’élégant Walter Owen Bentley de Regents Park

Walter Owen Bentley est né à Londres dans une famille aisée. Il apprend la mécanique dans les chemins de fer et se découvre une passion pour la compétition qu’il pratique à moto sur le célèbre circuit ovale de Brooklands, berceau du sport automobile et de l’aviation britannique. Après une première expérience de rachat de la firme française Doriot, Flandrin, Parent, ce sont les avions qu’il dote de moteurs de sa conception qui vont faire la réputation de Bentley. Ses pistons en aluminium font merveille et équipent les modèles de la « Royal Naval Air ».

Puis ce sera l’automobile et le succès que l’on sait. Pour autant, et malgré la fortune de son pilote et actionnaire Woolf Barnato, Bentley déposera le bilan en 1931, sera racheté par Rolls Royce et pour longtemps la marque sera le symbole du luxe, de la puissance, et du confort raffiné. Passée aux mains des Allemands de VW Audi, la marque fera un retour triomphal aux 24 Heures du Mans 2003, de quoi perpétuer la légende des Bentley Boys. L’aspect traditionnel lié à la marque reste très vif et les membres du très respecté Bentley Drivers Club sont des inconditionnels de la marque.

24 heures en tête

Dès 2001 dans le cadre de la stratégie mise en place par le groupe VAG pour redynamiser l’image de la marque Bentley, dont ils sont propriétaires depuis peu, deux voitures sont engagées en catégorie LM GTP, baptisées Speed 8, suite logique de la Speed 6 de 1930, ressemblant aux coupés Audi des 24 Heures 1999 et motorisées par des groupes Audi V8 double turbos de 3600 cmᶟ. En 2002, c’est une voiture entièrement nouvelle qui s’aligne aux 24 Heures, à moteur Bentley cette fois. Cette mise en bouche se concrétise en 2003 avec cette fois deux voitures légèrement modifiées par rapport au modèle de l’année précédente, toujours en monocoque carbone, moteur Bentley V8 double turbos Garett, de 3995 cmᶟ, boite de vitesses X-TRAC à 6 rapports, de 4,65 m de long pour 1,99 de large et un poids de 920 kg. La Bentley n°7, gagnante, 73 ans après le 5ème succès de la marque, dont le clone est notre héroïne du jour, ne s’est arrêtée que 28 minutes et 44 secondes au stand, avec 9 changements de pneus Michelin, soit moins d’une minute à chaque arrêt, ce qui est devenu le standard aux 24 Heures du Mans pour prétendre à la victoire. Rinaldo Capello aura fait 11 relais, Tom Kristensen en aura réalisé 9 et Guy Smith 9 également. Cette exceptionnelle voiture aura fait 24 heures en tête, soit 376 tours et 5145,399 km à 214,399 km/h de moyenne, devant sa jumelle, avant de descendre les Champs Elysées, le lendemain de son sacre.

La Bentley Speed 8 est exposée au Musée des 24 Heures du Mans au sein du corner Bentley. Cet espace scénographique est dédié à l’aventure de la marque britannique dans la grande classique mancelle.