Le pilote belge Jacky Ickx, fait incontestablement partie du cercle très fermé des « Princes du tumulte » chers à Pierre Fisson, écrivain français ayant rédigé ce reportage romancé pour lequel il a vécu avec l’équipe Gordini durant trois Grands Prix de la saison 1950. Jacky Ickx est un de ces pilotes vainqueurs des 24 Heures du Mans, multirécidivistes, qui ont marqué l’histoire de l’épreuve pour la nuit des temps. Il est l’un des pilotes emblématiques du XXème siècle pour la classique mancelle, comme le sera probablement le pilote danois Tom Kristensen (recordman de victoires aux neuf succès) pour le XXIème siècle. Voici trois siècles, les « grands » de ce monde avaient droit à leur statue équestre à l’image de Louis XIV dans la cour d‘honneur de Versailles. De nos jours, les fidèles destriers de nos « grands » du sport automobile seraient trop encombrants et toutes les représentations de pilotes existantes sont des bustes ou des médaillons sculptés.

Dans sa posture de pilotage

C’est pourquoi la statue offerte par Jacky Ickx au Musée des 24 Heures du Mans mérite toute notre attention. Elle est représentative, quasi à l’échelle 1, du grand champion dans sa posture de pilotage, semi couché, casqué et les bras semi tendus vers un volant virtuel. C’est l’artiste belge Olivier Strebelle qui a moulé en plâtre la combinaison de Jacky, dans la position qui était la sienne en 1974 au volant de sa Formule 1 Lotus. Puis cette statue de plâtre fût confiée, en France, au bronzier Alain Barelier qui a réalisé le coulage à Ivry-sur-Seine. Fixée sur un socle à la hauteur identique à ce qu’elle serait dans une monoplace de formule un, cette statue à la patine soignée, réalisée par Jacky Ickx lui-même, est d’un réalisme saisissant et fait honneur à l’artiste bien sûr mais surtout à « Monsieur Le Mans », homme d’une grande culture, d’une sensibilité et d’une intelligence extrêmes.

Un homme de défis

Qui mieux que Jacky Ickx pour trouver les mots qu’il faut pour s’adresser à la foule, massée au pied du podium des 24 heures, à l’issue de cette terrible édition qui vit la disparition d’Alan Simonsen après 7 minutes de course. Qui mieux que Jacky Ickx pour évoquer « Le Mans Soul » (l’âme du Mans) à l’issue du diner de gala des 24 Heures 2018, où furent honorés des personnalités incontournables des 24 Heures du Mans. Jacky Ickx est à l’image d’Antoine de Saint-Exupéry (qui fit ses « humanités » au Mans) : un homme d’exception, un homme de défis, analysant chaque instant de sa vie avec sérénité, avec philosophie, trouvant désormais dans l’immensité des déserts africains, la plénitude de son existence, « loin du monde et du bruit » écrivait La Fontaine.