L’idée avait fait son chemin dans l’esprit de Fabrice Bourrigaud, directeur du Musée des 24 Heures du Mans, lors du projet de partenariat avec Hollywood pour la préparation du film « Le Mans 66 » : « Si ce film voit le jour, il est impossible pour l’ACO et son musée de ne pas faire découvrir au public les coulisses du film et de l’édition 1966 des 24 Heures du Mans ». Ce sera chose faite à l’occasion de sa sortie en salle en novembre dernier. Cette exposition temporaire nous plonge dans l’histoire des 24 Heures du Mans 1966 où l’on découvre ou redécouvre l’aventure de Ford pour battre Ferrari au Mans, les décors exceptionnels nécessaires à la réalisation de James Mangold, et les personnages clés du film Carroll Shelby et Ken Miles interprétés respectivement par Mat Damon et Christian Bale.

Mais qui était Ken Miles ?

Moins connu du grand public que Carroll Shelby, Miles est un Britannique né en 1918, combattant aux commandes de chars pendant la seconde guerre mondiale. Le conflit terminé, il pilote en course pour Bugatti et Alfa Romeo entre autres. Expatrié aux États-Unis dans les années 1950, il se fera naturaliser quelques années plus tard, et devient un pilote reconnu avec des succès sur des MG qu’il modifie profondément. Son coup de volant attire le regard de Carroll Shelby. Au moment où il fonde son équipe de course, le Texan, vainqueur des 24 Heures du Mans 1959, engage le pilote aussi rapide que doué en mécanique. Miles participe activement au développement de la Cobra puis de la futur GT 40 confiée à l’équipe de Carroll Shelby par Ford. L’anglo-américain remporte plusieurs courses avec la Ford, dont les 24 Heures de Daytona, première victoire sur une course de 24 Heures pour Ford. Tout paraît prêt pour que Miles, associé à Denny Hulme, s’impose dans la Sarthe en 1966. Mais l’histoire en décidera autrement. Miles ne pourra pas retenter sa chance au Mans, malheureusement, il se tue peu de temps après sa venue dans la Sarthe au volant de sa Ford en essais à Riverside.

Des authentiques reliques

Grace à cette exposition, on réalise ce que représente une victoire aux 24 Heures du Mans pour un pilote automobile et un constructeur. Le Mans est sans conteste la plus grande course d’endurance du monde, et pour les pilotes victorieux, c’est l’assurance d’une renommée mondiale et parfois même le couronnement d’une carrière. Miles méritait indéniablement d’entrer dans l’histoire du Mans. Dans sa maison située près de Mullholland Drive, « il n’arrivait pas à surmonter ce qui s’est passé au Mans », dira plus tard son coéquipier Denny Hulme. On se doit de ne pas oublier Miles, pilote exceptionnel de la Cobra puis de la Ford GT40, ces bolides qui ont marqué sa carrière sportive.

Invité par l’ACO en 2019, Peter, le fils de Ken Miles, est de retour au Mans 54 ans après son dernier voyage sur le circuit avec son père. Il ne vient pas les mains vides. L’inauguration de l’exposition « Le Mans 66 » et l’hommage rendu à son père l’incitent à confier à l’ACO et son Musée quelques authentiques reliques lui ayant appartenu : son blouson uniforme de l’équipe Ford, ses lunettes de course et surtout son casque « open jet » de couleur vert anglais, celui qu’il portait au Mans et à Riverside. Contrairement à celui utilisé par Christian Bale dans le film, sur le vrai ne figure pas le nom de Miles. De la marque Bell avec son retour au niveau de la mâchoire très caractéristique et la présence inévitable d’une visière casquette, il est tout à fait représentatif des casques utilisés en compétition automobile dans les années 60. Ces objets exceptionnels ont trouvé leur place à côté des authentiques combinaisons de pilote des acteurs, des quelques pièces du décor du film et des documents d’époque qui vous font voyager dans le temps, aujourd’hui toujours visible au Musée des 24 Heures du Mans.